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Les Chroniques du Mérovingien
10 juillet 2005

PETER PAN

cendrillon00Le retour de Miss Perfection. Après les triomphes de Blanche-Neige est Bambi, le studio Disney n'avait pas sortis de nouveau grand films d'animation. 8 années où les écrans virent bien débarquer des regroupements de courts-métrages comme « les Trois Caballeros » ou « la Boîte à Musique » mais aucun long métrage d'animation à proprement parler. La faute à un Walt Disney de plus en plus occupé par son statut de Grand Patron et se désintéressant un peu de l'animation.


Néanmoins conscient qu'il faut entretenir ce qui fit la renommé du studio, Walt décide de confier un nouveau gros projet destiné à frapper fort dans le marché cinématographique à une équipe de valeurs sûrs à tous les niveaux. Scénario, dessins, chansons... En tout, ce sont 300 dessinateurs qui oeuvreront sur le million de dessins nécessaire au film, le tout sous contrôle du chef qui suit l'avancée des travaux en assistant à chaque réunions d'équipe. Néanmoins, pas question de prendre de gros risques. Cendrillon reste un conte dans la pure lignée de Blanche-neige et les 7 nains. L'héroïne est une belle jeune femme en haillon soumis à une femme cruelle, elle rêve de l'amûûûûr rose bonbon dans les bras d'un prince (forcément brun, héroïque, romantique et muet, un fantasme quoi) et fait causette avec des animaux rigolos qui adorent se rendre utiles (la scène du ménage est remplacée par la fabrication d'une robe).
Le respect du matériau d'origine est là, la magie du conte de fée tourne à plein régime. On commence sur un plan sur un livre qui s'ouvre, on finit sur le livre qui se referme. Perrault ne se retournera pas dans sa tombe. C'est tout juste si les référence du texte à Versailles lors des scènes du palais se ré-orientent vers une esthétique plus néo-gothique (on me souffle que ça lorgne vers Neuschwanstein, palais de Louis II de Bavière).

cendrillon03

Sans grande surprise, le film fut un succès colossale, avec par exemple 12 millions de spectateurs en France (il est vrai que les nombreuses ressortis ont aidés). Il faut dire qu'il y avait déjà de quoi attirer les jeunes spectateurs, et plus particulièrement les jeunes filles, par son esprit fleur bleue. Bien avant le cynisme à deux balles d'un Shrek, Cendrillon propose une vision idéalisée de l'amour, où la jeune fille sans avenir et méprisée rencontre le Prince Charmant et l'aide à atteindre Amour et Richesse. Un peu superficiel, sans aucun doute, mais mâtiné d'une touche comique bienvenue (et pas encore lourde) avec les comparses comiques (ici, des souris). En parallèle à l'histoire d'amour, une intrigue a été ajoutée, opposant les amis rongeurs de l'héroïne au chat de la marâtre, Lucifer. Un petit air de Tom et Jerry dans l'air qui renforce habilement les liens que Cendrillon entretient avec sa famille (un statut sociale de misère contre la perfidie obèse faussement chic).
On distingue d'ailleurs une rupture très franche entre la représentation graphique de Cendrillon, du Prince et de la Fée et celle de la marraine, des sœurs, du Roi et du Duc. Chez les trois premiers, le trait tend vers un naturalisme certain, une simplicité des formes et des mouvements ainsi qu'un approfondissement des expressions faciales (Cendrillon passe par diverses émotions avec des variations discrètes du dessin). En revanche, les autres personnages sont de véritables caricatures. L'exagération des expressions accentue la méchanceté de la belle-mère, la bêtise de ses filles (et leur laideur) ou encore l'infantilisme du Roi. En un sens, ces personnages sont une vision grossière et critique du monde de la Richesse et du Pouvoir. Un monde où l'on se donne en spectacle en mimant les bonnes manières. Dans ce monde superficiel, Cendrillon détonne car elle possède en elle la grâce naturelle et une certaine forme d'innocence. Une innocence à l'image de son amour idéalisé (après tout, dans le conte de Perrault, le Prince tombe lui-même amoureux d'une illusion, et dans le film, sa rencontre avec Cendrillon tient clairement de l'apparition magique).

cendrillon04

On pourra toujours reprocher au dessin animé de ne pas posséder d'aussi beaux décors que ceux de Blanche-Neige ou Bambi. Il n'empêche, le charme agit malgré tout. Sans doute grâce aux chansons (qui ne sont pas encore un élément de la « formule Disney »), de So This Is Love au Bibbidi-Bobbidi-Boo, qui fut d'ailleurs nommé à l'Oscar de la Meilleure Chanson. Mais aussi grâce aux quelques audaces visuelles, tel que l'apparition de la baguette magique de la marraine la fée qui semble surgir du hors champ ou encore l'ombre de Cendrillon s'avançant vers le lit de la marâtre qui, elle aussi surgit d'un seul coup de l'ombre. On retiendra aussi la beauté des instants précédents l'arrivée de la marraine, avec ces espèces d'étoiles scintillante convergeant discrètement vers la jeune fille ou bien la violence de l'humiliation de celle-ci, lorsque ses vêtements seront déchirés par ses demi-sœurs (on pense presque à la peur de Blanche-Neige dans la forêt, avec des cadrages biscornus, un montage cut et une sensation de vertige provoqué par les fond noir et le rapprochement successif vers l'héroïne maltraitée).
Alors il est vrai que le conte selon Disney aurait gagné à se délester de son image sexiste de la femme (elle est une merveilleuse ménagère cette Cendrillon !!). De même, avec le temps, la vision de l'héroïne si belle si pure qui trouve le Prince Charmant, s'il est vrai que ça a un certains charme suranné, demeure quand même un gros point cliché. Cendrillon est belle, Cendrillon chante super bien, Cendrillon a vraiment pas de chance, Cendrillon est limite Sainte Nitouche. Et ce n'est pas le suspens artificiel de la fin (qui plus est risible tant l'exagération du suspens avec les souris et les escaliers, suivis du chat puis du chien) qui viendra vraiment aider les choses.


Il n'empêche que le dessin animé a plutôt bien vieilli, peut être parce qu'il n'épargne aucun codes éculés du conte populaire tout en y injectant le savoir faire Disney. C'est un peu désuet mais toujours moins que la Belle au Bois Dormant qui lui, ne reposera que sur ses clichés, sans donner la moindre épaisseur à ses personnages réduits au rang de fonction. Cendrillon a au moins le mérite de tenter de lutter (certes pas par la force) ce qui en fait malgré tout une des héroïne les plus mémorables de Disney.


NOTE : 5/6

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Commentaires
A
OUIIIIII!!!!<br /> Tu nous rejoins !!!!! :-)))))<br /> PLus que Chrystel now ! :-)))<br /> <br /> Kiss
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