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Les Chroniques du Mérovingien
25 juillet 2005

LE RETOUR DE JAFAR

jafar00C’est en 1993 que le studio Disney a décidé de lancer la première suite de classiques directement en k7. Premier dessin animé à être massacré : Aladdin. Le but est de profiter du Nouvel Age d’or du studio pour décliner chaque grande œuvre avec des suites produites pour le marché de la vidéo et destinée à faire des bénéfices en remisant au placard toutes ambitions artistiques.  Dès ce Retour de Jafar, les quelques utopistes ont du se calmer face à l’idée de découvrir une suite à un des films majeurs produit par le surestimé Disney.

Autant le reconnaître, à la fin du premier Aladdin, on avait quand même très envie de voir une suite. Franchement, avec un Jafar devenu Génie tout-puissant et maléfique, il y avait matière à un projet dantesque et apocalyptique. Des espoirs renforcé à l’annonce du titre du film : le Retour de Jafar. Un titre banal mais fichtrement évocateur plein de promesses. Seulement, à peine le générique a-t-il commencé que l’on a déjà envie d’éteindre la télé. Le générique du premier film est repris ici mais les images font peine à voir. Aux envoûtants déserts du premier film sous un ciel noir profond succède un désert moche dépourvu de charme et de dépaysement. Et la magnificence d’Agra bah laisse place à un palais grossièrement dessiné, sans la moindre puissance évocatrice. La boîte de production du film est clair : Disney Television. Pas de doute, le Retour de Jafar évoque plus un dessin animé Disney du samedi matin qu’un des grands classiques de Noël. On peu même se demander si le Retour de Jafar n’a pas été conçu pour être un épisode de série télévisée puisque toutes les 10 minutes, un fond noir vient nous couper dans l’action. Cette hypothèse est plus que probable puisqu’ Aladdin connu une série de 3 saisons (pour 86 épisodes en tout) dans laquelle le personnage d’Abis-Mal était récurant.

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Quoiqu’il en soit, l’animation ne permet jamais de retrouver la féerie du modèle. Aucun exotisme dans les décors désespérément désert et des personnages que l’on peine à retrouver, à commencer par un Jafar aux traits grossiers, aux couleurs ternes (où est passé son costume noir ?). Quand à la psychologie des héros, elle fait sois du surplace (le Genie est égal à lui-même) sois elle est en dangereuse régression. Aladdin, déjà un peu crétin dans le film original deviens un insupportable gamin faisant constamment de mauvais choix et Jasmine s’est éloigné du modèle. Fini la femme pulpeuse et explosive. Place à la Jasmine frivole et amoureuse (donc niaise) qui n’a plus aucun piquant. Seul Iago bénéficie d’un traitement de faveur. Il vole de très loin la vedette à tout le monde car il bénéficie d’une ambiguïté morale savoureuse : cherchant à se rallier par intérêt avec les gentils puis revenant vers Jafar peur, choisissant enfin un camp… C’est lui le vrai héros du film (il sauve la vie d’Aladdin, sauve le Génie et détruit la lampe !), éclipsant tous les autres qui nous tapent de toute façon tellement sur le système qu’on ne s’en plaint pas.

Si Iago est mieux approfondis que les héros, il est aussi plus intéressant que les méchants purs. On ne s’étendra pas sur le cas Abis-Mal, archétype du criminel idiot dot on se demande bien comment il s’est forgé une réputation de grand méchant. Non, car s’il y a bien un personnage qu’on voulait revoir, c’est Jafar. Et là, c’est peine perdu, car ce qui devait être le maillon fort deviens non seulement le maillon faible mais carrément le boulet du film. Il faudra patienter 30 minutes avant qu’il ne se décide à sortir de sa lampe. 30 minutes pour un film de 1h06, c’est long, surtout quand on est censé être le pivot du récit. 30 minutes durant lesquels on assistera à des crises d’amour parfaitement futiles dans le couple Aladdin-Jasmine (alias le boulet 2 et la boulette). Une absence quasi-totale d’enjeux (le Sultan acceptera-t-il Iago et pardonnera-t-il le mensonge d’Aladdin : waou ! ça c’est du suspens !) entrecoupée de chansons tellement forcée qu’on imagine aisément le cahier des charges des réalisateurs : »vous devez mettre des chansons pour que le film atteigne les 1heure de film réglementaire ». Cela dit, les chansons, sans être de franches réussites sont relativement supportables en regards de celle dont les autres suites Disney seront farcis. Le numéro de Iago est fun, celui du Genie fonctionne sans casser de briques (disons que les paroles à base de « rien de meilleur dans la vie qu’un ami », ça casse les couilles même si la musique est sympa). Le seul vrai moment musical réjouissant est le délire de Jafar, parfaitement farfelu.

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Passé la première moitié du récit, on se dit que ENFIN, il va se passer des trucs… Mais en fait non, il se passe rien. Jafar n’a rien d’autre en tête que la vengeance ce qui nous vaut en fait un bête remake du premier film en moins bien. On en remet une couche sans chercher à innover ni même à aller vers du vraiment dramatique. Car Jafar se borne à suivre à la lettre le guide du parfait abruti qui fait l’exact opposé de ce qu’un vrai méchant est censé faire. Il attend la fin du film avant d’exiger sa libération (on se demande bien pourquoi puisque personne n’aurait pu l’en empêcher avant), se contente d’emprisonner les héros du premier film sans se méfier de Iago, sauve Aladdin au moment où celui-ci va mourir dans le seul but de le tuer d’une autre manière et cause lui-même sa propre perte avec la lave – séquence dont l’aboutissement se voit venir à des kilomètres. Bref, Jafar le Tout Puissant laisse place ici un Jafar le grand crétin qui fait tout de travers. Il n’inspire aucune crainte, ce qui, pour un film censé reposer sur ses épaules, tombe plutôt mal.

Le film a donc un sévère goût de déjà vue (les personnages du tapis et de Abu encore neutralisé à la fin, redite visuelle das certaines chansons) mais en moins bien. Aucune comparaison possible avec le modèle. Tout est en dessous : l’animation, les personnages, l’intrigue…

Le Retour de Jafar est donc une première suite direct-to-video qui se plante dans les grandes largeurs, dépourvu de magie et qui ne vaut que pour Iago et les numéros musicaux correctes. Par chance, la saga Aladdin connaîtra un troisième épisode de bien meilleure facture qui permettra de clore dignement la trilogie.

NOTE :   1/6

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Commentaires
D
le moment ou il ya le plus d'action c'est quand jafar meurs....
M
Je suis à moitié d'accord avec cet article.<br /> On rame un peu pour ce qui est de voir pparaître Jafar car il est censé être le centre du film puisqu'il s'agit d'amour. Aladdin n'est que plus niais, gamin et les histoires de couples entre Jasmine et Al trop mis en avant.<br /> Concernant le personnage de Jafar, je le trouve encore plus redoutable que dans "Aladdin" car il a dans ses cartes des pouvoirs immenses. La seule chose qu'on pourrait lui reprocher est son désir de vengeance qui l'amène finalement à sa propre perte. mais je je le trouve beaucoup plus redoutable et effrayant que dans le premier Aladdin.
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