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Les Chroniques du Mérovingien
25 juillet 2005

ALEXANDRE

alexandre00Oliver Stone en avait rêvé pendant des années : une fresque grandiose sur la vie d’Alexandre le Grand. Une fois le projet sur les rails, on ne pouvait que fantasmer face à ce qui s’annonçait déjà comme un film barbare, énervé et polémique. Du Stone quoi. D’autant plus que le casting de rêve et le budget pharaonique (150 millions de dollars tout de même) avait tout pour faire mouiller la liquette. Et pourtant, Alexandre est finalement accusé d’être un Stone académique dans sa mise en scène, et de ne pas être un film traité à bras le corps. Pourtant, on s’aperçoit déjà que le film ayant ses propres détracteurs montre bien que nous sommes bien encre une fois face à un film de Stone. En effet, il s’agit sans aucun doute de son film qui divise le plus, y compris chez ses fidèles.

Alexandre est pourtant un « film malade » qui mérite d’être découvert et qui prendra sans aucun doute une plus grande valeur avec le temps. A ceux qui s’attendaient à une fresque énervée sur les 7 années de conquête, Stone a préféré livrer un regard intimiste sur ce héros antique. Un choix on ne peut plus osé qui met en veilleuse l’aspect spectaculaire (2 batailles seulement) pour se concentrer ses les dilemmes, les rêves, les amours et la famille d’Alexandre. Un regard terriblement humain, proche d’une tragédie grecque, notamment dans les relations oedipienne d’Alexandre vis-à-vis de ses parents. Les ambitions de Stone sont clairement affichées dans la séquence de la caverne où Phillipe narre à son fils les histoires des héros mythiques, d’Achille à Œdipe en passant par les Dieu, en particulier Zeus. Cette caverne aux mythes tous plus cruels les uns que les autres, Stone y reviendra constamment pendant le film pour bien souligner le statut mythique d’Alexandre. Sa destinée sera sombre, ses aventures d’une grandeur sans pareil. La vie d’Alexandre sera régulièrement mise en parallèle avec celles des héros qui le fascinent. Sa relation avec Hephaïstion renverra à Achille et Patrocle, un baiser quasiment incestueux à Olympie rappellera celui d’Œdipe.

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Par ces rappels mythologiques, Stone donne à Alexandre un statut de demi-Dieu à son héros, rappelant que les destins des grandes guerres et conquêtes se sont souvent joués sur l’oreiller. En cela, son film se rattache parfaitement à la mouvance de ses précédents films avec mystification du réel (JFK, le Vietnam de Platoon). Il accentue d’ailleurs cette idée par une représentation animale de ses personnages. Olympie, vénérant les serpents, se verra de plus en plus comparée à Medusa. Les cheveux attachés durant la première partie du film, ceux-ci sont finalement lâché à partir de l’assassinat de Phillipe, montrant tout l’aspect venimeux de sa personnage, suggérant qu’elle est sans doute lié au meurtre. Le parallèle est clairement établi au moment de l’empoisonnement d’Alexandre, celui-ci ayant déjà plus ou moins sombré dans la folie. Alexandre y voit  le visage de sa mère à la chevelure remplacée par des serpents (celle-ci portait d’ailleurs un culte à Dyonisos). Alexandre est quand à lui associé au Lion, empereur des animaux. Ainsi, le rugissement de lions sera associé aux armées d’Alexandre lors de la première bataille du film. De même qu’au moment de boire le vin empoisonné, Alexandre porte une tête de lion, recouvrant son vrai visage. Stone rappel que ses personnages humains, associé à des animaux sacrés, sont devenu eux même ses animaux, perdant sans doute en route leur humanité. Il n’y a qu’à revoir la scène de sexe bestiale avec Roxane pour s’en convaincre. Enfin, l’autre animal récurrent est l’aigle, associé à Zeus (on disait qu’Alexandre était le fils de Zeus), véritable guide spirituel dans la quête du héros. Un animal présent au moment de ses réussites (voir la première bataille) et disparaissant lors de la traversée des montagnes, comme pour symboliser l’échec qui l’attend. Il revient d’ailleurs une dernière fois à la mort d’Alexandre, prêt à l’emporter au royaume d’Adès pour l’emmener rejoindre Hephaïstion.

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Dans cette œuvre colossale à la candeur intimiste, Stone met de côté son hystérie visuelle pour déplacer la rage dans les scènes de dialogues. Ainsi, la violence n’est pas tant visuelle que psychologique. En cela, le casting est tout simplement impeccable. Angelina Jolie offre à chacune de ses apparitions un mélange d’érotisme furieux mêlé de tendresse sournoise. Sans hésiter : sa meilleure prestation. Val Kilmer est pour sa part méconnaissable sous les traits du Roi Phillipe : la scène d’orgie où il renie Alexandre, le viol d’Olympe sous les yeux du jeune enfant et son assassinat font encore partie des scènes fortes du récit, renforçant l’aspect enragé du récit, distillant une colère déteignant sur Alexandre. Alexandre qui est par ailleurs campé par un Colin Farrel habité qui trouve lui aussi son meilleur rôle, offrant à son personnage toute son animalité et un pouvoir de séduction aussi bien auprès des femmes que des hommes. Sans oublier ses séquences de mobilisation des troupes où Colin Farrel parvient à rendre puissant ses monologues (le discours avant la première bataille, mais aussi sa colère en Inde). L’hystérie propre à Stone est donc moins démonstrative mais toujours là, plus latente, éclatant dans des moments d’une puissance sauvage. Ainsi, Alexandre le Grand, bien qu’idolâtré, deviens un homme dont les conquêtes ne masquent pas le prix du sang, comme on le constatera dans la scène d’euthanasie où Alexandre finira en larmes. Bien qu’étant un immense conquérant, Alexandre n’en demeurait pas moins un homme proche du tyran comme viendront le rappeler le meurtre de l’ami de son père, sans oublier un de ses proche sacrifié pour tentative supposée d’assassinat. Des séquences crues et violentes.

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Bien entendu, il serait trop facile de prétendre que Stone a livré là un film parfait. On relèvera ainsi le défaut majeur du film : être une sorte de cours d’histoire très scolaire. Ainsi, si les chapitres de la vie d’Alexandre sont judicieusement choisis, c’est par Ptolémée que nous est narré la vie d’Alexandre. Une approche scolaire un peu trop facile (ce à quoi Stone ne nous avait pas habitué) qui nous vaut de longues scènes de blabla (en particulier tout au début) où un Anthony Hopkins joue les profs d’histoire à un scribes ressemblant à Vincent McDoom. On aurait à la rigueur préféré des textes explicatifs, plus courts et moins lourdingues. Ainsi, on sera surtout frustré de voir chaque grande conquête expliquée narrativement alors qu’il s’agit quand même d’une des pièces majeurs de la vie du conquérant (il aurait de toute façon fallu deux films de 3 heures pour rendre totalement justice au personnage). Les scènes avec Ptolémée vieux ont hélas tendance à allonger un film par ailleurs un poil trop long (sans ces longues scènes explicatives, le rythme eut été plus fluide). Au rayon des autres fautes de goût, on relèvera la musique pompière de Vangelis qui, à l’exception du thème musicale accompagnant les parents d’Alexandre, se révèle banale, fade, sans surprise ni audace. Puis enfin, on pourra reprocher aux deux scènes de bataille d’être par moment parfaitement illisibles, la caméra parkinsonnienne filmant des trucs informes que le monteur épileptique insère pour donner un vague sentiment de chaos. Dommage.

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Mais résumer Alexandre à ces défauts réels ne serait pas rendre justice au film. Stone a beau se rater à quelques reprises, il n’en demeure pas moins que son film comporte de multiples instants de grâce. Ainsi, le soin apporté aux costumes et aux décors en fait un des péplums les plus réalistes jamais tournés. Mais surtout, le film évite précisément tout ce qui faisait l’échec de Troy, avec sa vision édulcorée du récit. Historiquement parlant, le film est très impressionnant, classant Alexandre dans une case plus « historique » que celle du péplum. Mais il y a aussi toutes ces scènes qui vont à contre-courant des grosses productions Hollywoodiennes. A commencer bien sûr par l’omniprésence de l’homosexualité, abordée de front. On ne compte plus les allusions aux éphèbes, les danses suggestives… Mais surtout, on dénote un soin particulier apporté à la relation d’Alexandre avec Hephaïstion. Sans hésiter le plus beau couple gay qu’une grosse production nous ait montré, sans cliché, avec de nombreux échanges tendres et loyaux, donnant par ailleurs lieux à quelques une des plus touchantes scènes du film. Les petits bourgeois et beaufs coincés s’offusqueront. Tant mieux. On relèvera également les nombreuses scènes d’orgies qui, si elle ne vont jamais trop loin, reste tout simplement inédite dans un film de 150 millions de dollars (ce qui explique qu’un Caligula aille plus loin : moins de risques économiques). Le film de Stone recèle donc quantité de grands moments qui en font un film indéniablement plus fort qu’une large partie du cinéma traditionnel. Surtout que le réalisateur parvient à distiller par petites touches quelques expérimentations visuelles, à commencer par un générique de toute beauté, mais aussi le filtre rouge lors de l’assaut des éléphants, la caméra chahutée dans cette même scène, le survol de l’aigle… On est certes loin du délire frénétique de l’Enfer du dimanche mais le film reste malgré tout un film de Stone.

Alexandre est donc une œuvre imparfaite, mais dense et riche, couillu qui prendra sûrement de la valeur avec le temps. En tout cas, ses audaces, sa qualité d’interprétation et sa richesse en fond un film branlant mais luxueux au fort pouvoir de fascination.

NOTE :   5/6

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Commentaires
S
Bon, je l'ai vu qu'une fois, donc pas évident de bien bien juger... mais première impression : terrible!!!!!!!!! ^^<br /> Déjà, merci bcp bcp bcp Mr Stone d'avoir respecté à ce point la mythologie!!!!!!<br /> C'est ça qui m'avait surtout déçue dans Troie, donc là merci d'établir la vérité! ^^<br /> On voit clairement qu'il y a un travail de recherche monstrueux!!!<br /> J'aime pas trop à la base Oliver Stone (à part JFK ke j'avais adoré!), disons que je le préfére nettement quand il fait des documentaires (sur Castro par ex), ke ses films... <br /> Mais Alexandre, justement de par son côté historique, et la véracité des faits, me fait plus penser à un documentaire qu'à un film... c'est ptet pour ça que j'ai aimé! ^^<br /> <br /> Kissoux!
S
Ta pote fan de Colin ne pouvait pas te lâcher sur ce coup! lol<br /> Malheureusement, je l'ai pas encore vu!<br /> Mais c'est prévu.. ptet ce soir tiens! ^^<br /> <br /> Tim, t'as tort... perso, m'en tape de ce que les gens pensent, j'essaye tjs de me faire ma propre opinion ;-)<br /> C'est important de voir un peu de tout... bons au mauvais films, l'important c'est de les voir... et de faire le tri! ;-)<br /> <br /> Mero, sorry de pas etre intervenue plus souvent ces derniers temps, mais pppfffffiou un million de choses à faire!! :-//<br /> D'ailleurs, Valenciennes ce sera pour plus tard, je rebosse sur Bruxelles...<br /> Mais j'y passe qd même souvent... à l'occasion... ;-)<br /> <br /> Kissouilles!!
M
lol. Ok!
T
Si t'as compris... Ca l'air saaaaaaaaaannnnsssss<br /> intéééééééééééreeeeeeeeeeet !!! J'ai pas envi de le voir tout simplement !!<br /> <br /> Tu comprends mtn ? lol
M
merci a toi massu7 pouor tes félicitations! tu semble dire que tu a toi aussi un blog : n'hésite pas à me laisser ton lien que je puisse aussi te rendre visite!
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