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Les Chroniques du Mérovingien
25 juillet 2005

LE ROI-SINGE

b00008v2bk.081.lzzzzzzzAvant la reconnaissance internationale acquise par Shaolin Soccer et Kung-Fu Hustle, Stephen Chow était déjà une star du cinéma Hong Kongais. Les dérives du système de distribution des films n'ont hélas pas permis à certains pays de découvrir ses précédents films avant l'explosion de sa côte de popularité. Il n'est cependant jamais trop tard et l'édition dvd soignée du Roi-Singe est une bonne occasion de revenir sur un de plus gros succès de l'acteur/ réalisateur.


Le Roi-Singe, c'est avant tout l'adaptation d'une des légende chinoise les plus populaire. Le récit renferme une très dense matière narrative où la tragédie côtoie l'action, le mysticisme, la morale profonde et le souffle épique. Du « prêt à filmer » en quelque sorte tant le matériaux d'origine semble avoir été rédigé pour être porté à l'écran. Jugez plutôt :

Parce qu'il a tenté de voler et manger la chair d'un moine sacré (il était trop bavard, alors forcément) et parce qu'il n'a pas accompli sa mission consistant à ramener les écritures de Bouddha à l'ouest, le Roi Singe est banni du Paradis et réincarné en simple mortel. 500 ans plus tard, sa punition arrive à terme. Devenu un brigand, il ignore que son destin est ne marche. Sa bande de pilleurs se retrouve sous le contrôle de deux femmes démoniaques qui cherchent le Roi-Singe car elles ont un compte à régler. Ignorant encore qui il est, le Roi-Singe tombe amoureux d'une des démones et va devoir affronter le Roi-Taureau. Il remontera également dans le temps pour réparer les erreurs de son passé. Bon, ça a l'air d'un gros bordel narratif vu comme ça mais rassurez-vous, c'est pareil à l'écran ! Il faut s'accrocher pour ne pas perdre le fil des pérégrinations de Sun Wou Kong. A tel point que le film est carrément découpé en 2 parties de sorte à rendre l'épopée plus digeste.
Ecris au 16ème siècle par Wu Cheng-en, le récit complexe du Roi des Singes connu un immense succès car il dénonçait sous ses apparats de fantastiques, les exactions du pouvoir Ming . De nombreuses adaptations virent le jour et les textes inspirèrent un des monuments du manga, Dragon Ball Z (Sangoku évoque le Roi-Singe, comme en témoigne son bâton magique ou encore l'homme cochon, Zhu Bajie remplacé par Oloon).

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Soyons franc, de l'œuvre originale, il ne reste plus grand chose à l'écran et le résumé précédent n'est nullement celui de l'œuvre littéraire mais celui du film. Le passé de Sun Wou Kong parmi les Dieu est tout bonnement expédié, que ce soit la façon dont il a rayé son nom de la liste des mortels, son rôle de gardien des pêches sacrées ou encore ses 72 jours enfermé dans le fourneau céleste. Même la trame des 500 ans plus tard n'est pas particulièrement semblable aux écrits. C'est peut être là le plus gros défauts de cette adaptations modernes : d'une œuvre dense et profonde, il ne reste avant tout qu'une sorte de one man show signé Jeff Lau et destiné à mettre en avant le talent comique de Stephen Chow. Y gagne-t-on au change ? Plus ou moins. Car la légende du Roi-Singe passée à la moulinette du génial trublion ne pouvait qu'aboutir à une avalanche de gags décoiffant. Et sur ce point là, même si le film conserve surtout dans sa deuxième partie, une dimension sérieuse, le film tient ses promesses. Quelque part entre les ZAZ et l'humour barré de Dragon Ball Z, on y retrouve tout ce qui fait la force du Mo Lai To («qui signifie en gros le « n'importe quoi »). Entre un moine qui se transforme en grappe de raisin et une démone araignée répugnante, on nage en pleine absurdité voir même dans le lourdingue complet. Mais difficile de ne pas résister devant ce moine interprétant « Only You » comme une casserole ou encore lors de la séquence où les bandits s'approche des deux démones en pensant être invisibles. Sans oublier le Roi-Taureau qui envoie ses puces à la recherche de ses ennemis ou encore un cœur meurtri qui ressemble à une noix de coco. Du burlesque complet auquel on peut également signer que Stephen Chow s'est franchement inspiré (pour ne pas dire plagier) de Jim Carrey dans the Mask (le dénouement avec le prout classique de tout film Hong Kongais sans oublier la massue géante et les mimiques caoutchouc).

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Bref, niveau délires, il y a à boire et à manger, surtout que le récit joue sur toutes les formes de comédies, que ce soit la répétition (voyage dans le temps qui n'en finit plus), les jeu de mots, le sens de l'absurde et le quiproquo. Pourtant, Chinese Odyssey 1 et 2 (le Roi-Singe est un film en deux parties sorties séparément sous le nom de « la Boîte de Pandore » et « Cendrillon ». A noter que le dvd français regroupe l'intégralité du métrage : une bonne initiative à saluer) n'est nullement le film le plus drôle de Chow. En effet, à trop vouloir côtoyer des genres aussi divers et variés que l'action ou le drame romantique, le film de Jeff Lau finit par perdre un peu d'impact, surtout dans la deuxième moitié bien plus confuse que la précédente. Les personnages entrent et sortent du récit à une vitesse vertigineuse et il convient de ne pas détourner son attention sous peine d'être vite largué entre les changements d'époque ou encore les changements de corps entre les personnages. Assurément, le film risque de laisser sur le carreau tous ceux qui n'ont jamais goûté à une Kung-Fu Comédie et seul les initiés y trouveront vraiment leur compte. Ainsi, il ne faut nullement s'attendre à un spectacle gigantesque tant le film, derrière son cachet « grande épopée », et ce malgré de beaux décors et costumes, le Roi-Singe peine à masquer ses manques de moyens. Les scènes de combats héritées du wu xia pian (combattants aériens et autres techniques surnaturelles) semblent dater d'au moins 30 ans avec leur absence totale de chorégraphie et un découpage assez moche renforcé par des cadrages constamment biscornus. C'est d'autant plus regrettable que dans l'œuvre de Wu Cheng-en, le héros avait acquis 72 pouvoir différents dont on aura jamais la mesure à l'écran. Reste toutefois le charme des films Hong Kongais qui masque leur moyens limités par des artifices assez kitch comme l'utilisation de fumée ou d'éclairage fluo ainsi que par un soin tout particulier accordé aux maquillages des hommes/animaux (la femme araignée est très convaincant, tout comme l'homme cochon).


Peuplé des créatures étranges, de ramifications héroïques et chargé d'un humour à la Monty Python, le Roi-Singe n'est sans doute pas le meilleur film de Stephen Chow car bénéficiant d'un manque de moyen évident et d'un scénario qui s'éparpille trop et s'éloigne grandement de l'œuvre d'origine. Mais sa bonne humeur et son côté bricolé joue sans problème en sa faveur, annonçant déjà les débordements barrés et mieux maîtrisés de Shaolin Soccer et Kung-Fu Hustle.



NOTE : 4/6

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