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Les Chroniques du Mérovingien
13 juillet 2005

10ème CHAMBRE INSTANT D AUDIENCE

10chambre0Le documentaire étant un genre à part et finalement assez effacé dans ma paysage cinématographique français qu’il conviens d’en parler dès qu’on en voit un.

Et ça tombe plutôt bien puisque le cinéaste Raymond Depardon nous en livre un très intéressant sur les audiences traitant des délits mineurs. Alors, OUI, ce n’est jamais qu’une succession d’affaires choisis mise bout à bout (ça pourrait durer une heure, comme ça pourrait en durer 3), oui, il y a des redondances et oui, la caméra est immobile pendant 1h 45.

Mais c’est aussi le principe de ce documentaire : montrer quelques exemples d’audiences sans jamais prendre partie, sans juger. Nous sommes à la place de simples observateurs. Et le spectacle reste vraiment intéressant et…éloquent.

Il permet de voir une justice à la fois juste et modérée (pour les délits mineurs) mais aussi excessivement sévère et expéditive (un type qui se prend 1500 euros d’amende pour avoir porter un canif !!). Une justice dont les rouages semblent se crisper selon les horaires d’audience. Ainsi, les audiences du soir paraissent moins approfondis que celles du jour (la juge n’a pas les bons renseignements sur l’accusé, se trompe brièvement de dossier…)

On peut également admirer la bêtise de certains avocats, notamment dans cette séquence où un avocat masculin prend la défense d’un harceleur psychopathe (« il était en colère.. C’est l’amour qui l’a conduit là. J’ai déjà était dans ce cas là… » HAL-LU-CI-NANT !). Le documentaire prend ainsi une tournure humoristique sans jamais forcer le trait. Les images, et les mots surtout, parlent d’elle même.

10chambre21

 

Les contradictions de la Justice apparaissent fortement, également. Ainsi, un sans papier interdit de territoire se voit relâché et interdit de territoire alors qu’il a déjà fait l’objet de cette condamnation plusieurs fois. N’étant pas encadré pour l’aider à s’en sortir, il finira sans doute par se refaire arrêter. La Justice paraît également cassante (« olala ! Vous ne savez pas parler alors que vous êtes artistes ! ») et finalement assez froide, malgré les sourires de la juge qui paraît à la fois sévère et sympathique.

Mais il faut être réaliste aussi. Le documentaire ne s’e prend pas qu’à la Justice. Les accusés sont parfois de vrais cas, essayant parfois de se défendre en baratinant des énormités (« je dealais pas. La drogue était pour mon cousin ! Et l’argent qu’on a trouvé sur moi était pour ma voiture !»), en se la jouant limite prétentieux ( le sociologue qui arrive avec ses notes) ou en argumentant n’importe comment (« j’ai grillé le feux rouge parce que je devrai livrer pour mon patron. Même si je conduis sans avoir le permis »).

C’est finalement assez caustique, parfois émouvant et souvent drôle. Un regard lucide et distant sur un univers que l’on ne connaît pas forcément. C’est un peu longuet et décousu mais c’est en tout cas très enrichissant.

NOTE : 4/6

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